La Piazza Colonna est une des plus belles places de Rome, au point de vue architectural, de la ville éternelle. C’est aussi la porte d’entrée d’une galerie commerçante digne des anciens temples de l’antiquité. Située au centre de la capitale le long de la Via del Corso, Piazza Colonna est aussi le siège du pouvoir exécutif italien avec l’un des côtés occupé par le Palazzo Chigi, ancienne ambassade K&K de l’Empire austro-hongrois et aujourd’hui siège du conseil des ministres.
La colonne Marc-Aurèle : une bande dessinée antique.
C’est évidemment la colonne, érigée en 180 en l’honneur des victoires militaires de l’empereur Marc-Aurèle, qui a donné son nom à la place. Haute de 29 mètres, elle est clairement inspirée de son homologue Trajane de 67 ans son ainée. Œuvre de propagande avant l’heure, elle raconte de manière très détaillée et imagée les campagnes militaires contre les Germains et les Sarmates, en utilisant des gravures sur pierre en colimaçon. Si l’on souhaite les admirer, il est judicieux de prévoir une paire de jumelles.
Le Palazzo Wedekind, un recyclage avant l’heure
Ou comment fabriquer du neuf avec de l’ancien. En l’occurrence le portique qui supporte le palais provient de la réutilisation d’antiques colonnes ioniques de la cité étrusque de Veio. Le « cambriolage » (en 1838, date de la construction, Veio appartenait encore aux États de l’Église) ayant été effectué sur ordre du Pape Grégoire XVI, pour la construction du palais destiné à accueillir le siège du vicariat de Rome. Paradoxe de l’Histoire, le Wedekind deviendra le siège du journal Il Tempo (Quotidien social-démocrate, comme il se définit lui-même), après avoir été pour une brève période celui du parti Fasciste Républicain.
Rome : une ville d’eau
Non ! Il s’agit bien de la ville éternelle et non de Venise. Contrairement aux Grecs, les Romains ont eu une véritable passion pour l‘eau, qu’ils allaient chercher en montagne à plusieurs dizaines de kilomètres. À la fin du premier siècle chaque Romain (± 1 million d’habitants) pouvait compter sur une manne quotidienne de 1 000 litres d’eau, distribuée par des centaines de fontaines. Parmi celles-ci l’œuvre de l’architecte Giacomo della Porta, avec son bassin en marbre et ses deux magnifiques sculptures en opposition de dauphins sortant d’une conque, prouve s’il en était besoin que les élèves de la Renaissance ont dépassés leurs maîtres antiques. Attention toutefois à ne pas vouloir rejouer la « Dolce Vita », à défaut de se voir offrir un petit séjour dans « l’albergo dei vigili urbani » (pour les francophones : la garde à vue).
La Galleria Alberto Sordi
Rome sans shopping ne serait plus Rome. Mais ville d’art millénaire oblige, les centres commerciaux ne sont pas ici de vulgaire boite en béton. La Galleria Colonna, rebaptisée Alberto Sordi en l’honneur du célèbre acteur romain décédé en 2003, regroupe de multiples boutiques de mode et d’art de vivre à l’italienne. Sans oublier le monument culturel qu’est la librairie Feltrinelli, où l’on pouvait croiser avant son décès en 2013 l’Onorevole Giulio Andreotti (parmi ses multiples surnoms : l’inossidabile, il papa nero…), déambulant parmi les rayons en toute simplicité. Mais plus encore que le plaisir du shopping c’est celui de prendre un Moka ou de déguster un gelato sous les immenses verrières de la Galleria en admirant les mosaïques du sol et les colonnades dignes des temples de la Rome impériale.